S. m. (Histoire naturelle, Botanique et Chimie) en latin camphora ou caphura. C'est une substance blanche, transparente, solide, seche, friable, très-volatile, très-inflammable, d'une odeur très-pénétrante, et d'un goût très-amer et piquant ; elle parait être composée de beaucoup de phlogistique, d'une terre très-subtîle et de fort peu d'eau.
Les arbres dont on tire le camphre se trouvent à la Chine et au Japon : mais les meilleurs sont ceux des îles de Borneo, de Sumatra et de Ceylan. Les relations ne s'accordent pas sur la manière dont on s'y prend pour tirer le camphre ; l'opinion la plus commune, et peut-être la moins fondée, est qu'il découle naturellement de l'arbre comme une gomme, et qu'on le ramasse figé au pied de ces arbres. Il y a des gens qui prétendent que les Indiens pour l'obtenir, font des incisions aux arbres d'où il tombe en abondance. Suivant les Lettres curieuses et édifiantes, voici la méthode usitée à la Chine pour tirer le camphre. On se sert pour cela des nouvelles branches d'un arbre que les Chinois nomment Tchang, on les coupe en petits morceaux, on les met en macération pendant trois jours et trois nuits dans de l'eau de puits ; au bout de ce temps on les fait bouillir dans une marmite, en observant de remuer continuellement avec un petit bâton de bois de saule ; quand on voit qu'il s'attache à ce petit bâton une espèce de gelée blanche, on passe la décoction, on en sépare toutes les saletés, on la verse dans un pot de terre vernissé, où on la laisse reposer pendant une nuit ; on trouve le lendemain que ce suc s'est coagulé et a formé une masse. Pour purifier cette première production, on prend de la terre grasse fort seche, on la réduit en poudre bien fine, on en met une couche dans un bassin de cuivre, et sur cette couche de terre, on en met une de camphre ; on continue à faire des couches de cette manière jusqu'à ce qu'il y en ait quatre, et on couvre la dernière avec des feuilles de la plante poho, ou de pouliot. On couvre le bassin de cuivre ainsi garni, d'un dome ou autre bassin qui s'y adapte exactement ; on garnit les joints de terre grasse, on les met sur un feu qu'on a soin de rendre égal et réglé ; on prend garde qu'il ne se fasse ni fentes ni crevasses à l'enduit de terre qui sert à lutter les jointures des bassins, de peur que la partie spiritueuse du camphre ne vienne à s'échapper : lorsqu'on a donné un feu suffisant, on laisse refroidir les bassins, on les détache, et l'on trouve le camphre sublimé dans celui d'en haut ; en réitérant deux ou trois fois la même opération, on aura un camphre très-pur.
Lire la suite...